L’âme de Cuba en 3 chansons d’Havana D’Primera
Envie de découvrir ou de mieux comprendre Cuba ? Les chansons d’Alexander Abreu et de son groupe, Havana D’Primera, vous plongent au cœur de la réalité de l’île. Chacune d’elles dévoile avec poésie un petit bout de quotidien, une histoire vécue, une facette de son peuple. Et si cet artiste est aujourd’hui devenu une figure phare de la scène musicale cubaine, c’est parce-que le public s’identifie à ces chansons qui racontent si bien leurs vies.
Artiste de génie, Alexander Abreu est à la fois trompettiste, chanteur, auteur, compositeur et chef d’orchestre. En 2008, il crée le groupe Havana D’Primera qui réunit les meilleurs musiciens de Timba du pays. Son objectif : défendre ce style musical, né à la fin des années 80, mélange de son cubano, de rumba et de funk, et délaissé au début des années 2000 par les jeunes qui lui préfèrent le reggaeton et sa variante cubaine, le Cubaton.
Pari réussi dès la sortie de son premier album « Haciendo la historia » en 2009 et de sa première piste, “Resumen de los 90s” (`Résumé des années 1990), qui connait un énorme succès. Véritable déclaration d’amour à la timba, cette chanson crie haut et fort que ce style a fait danser la Havane, et continuera de le faire à l’avenir. Deux autres albums suivront, Pasaporte en 2012 et La Vuelta al Mundo en 2015, toujours accueillis avec autant d’enthousiasme, aussi bien à Cuba qu’à l’étranger où le groupe multiplie les tournées.
Impossible de faire le tour en un article de la discographie du groupe, mais nous avons choisi trois chansons, d’abord parce qu’on les adore, mais surtout parce qu’elles constituent un petit condensé de l’île, avec ses joies, ses difficultés et ses forces. A chaque fois, vous pouvez retrouver les paroles en espagnol. Pour ceux qui ne le comprennent pas, un petit copier-coller sur google traduction devrait vous permettre de saisir l’essentiel !
« Carita Pasaporte » et le désir d’ailleurs
Album pasaporte, 2012
Pour lire les paroles de la chanson : Cliquez ici
Le clip suffit à lui seul à comprendre ce titre. A travers l’histoire d’une jeune femme qui rêve d’un passeport lui permettant de quitter le pays, il conte le désir de nombreux cubains, et en particulier des plus jeunes, de connaître d’autres mondes que le leur. Partir de Cuba en espérant construire une vie meilleure, moins difficile sur le plan matériel, avoir accès à cette société de consommation que leur donne notamment à voir les voyageurs en vacances sur l’île et qui nourrit leurs rêves… Même si l’exil, pour ceux qui parviennent à sortir, se révèle souvent douloureux et parsemé de désillusions.
« Me dicen Cuba » et l’orgueil d’être cubain
Album La vuelta al mundo, 2015
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On pourrait y voir une contradiction avec le titre précédent, mais ce n’est pas le cas, et c’est une des subtilités qu’il faut comprendre à Cuba. Malgré les difficultés de la vie quotidienne qui poussent certains à vouloir quitter le pays, les cubains, qu’ils vivent à l’extérieur ou à l’intérieur de l’île, ont tous ceci en commun : une conscience et une fierté très fortes d’appartenir à un peuple, une terre, une histoire. Etre cubain, c’est quelque chose d’énorme ! Et les cubains le revendiqueront toujours, où qu’ils se trouvent sur la planète.
L’orgueil cubain dont parle cette chanson, c’est également de naître avec un don, ou plutôt plusieurs : celui du rythme, de la musique, mais aussi celui de la joie de vivre. Comme le dit Alexander Abreu dans ses interviews, la qualité principale des cubains, c’est de posséder cette énergie positive qu’on ressent dès qu’on pose le pied sur l’île.
« El palo más duro » et l’importance des religions afro-cubaines
Album La vuelta al mundo, 2015
Pour lire les paroles de la chanson : Cliquez ici
Cette chanson est nettement moins connue que les précédentes, mais on a choisi de vous la présenter car elle évoque les religions afro-cubaines dont le nombre de pratiquants augmente énormément dans l’île depuis les années 90 : la santería (ou regla de ocha) et le culte d’Ifá. Toutes deux sont interdépendantes ; les Orishas, plus couramment appelés santos (saints), y sont vénérés.
A Cuba, vous croiserez souvent dans les rues des personnes entièrement vêtues de blancs : en effet, dans ces religions, après s’être « fait santos », il faut ne porter que du blanc durant une année. En étant plus attentifs, vous remarquerez également un signe plus discret d’appartenance aux religions afro-cubaines : de très nombreux cubains et cubaines portent à leur poignet un petit bracelet de perles vertes et jaunes : ce sont des personnes qui « ont pris la main d’Orula » et ont été initiées à la religion. Ce bracelet les protègent de la mort violente.
Alexander Abreu explique en introduction de cette vidéo qu’il a composé ce titre à la demande d’un religieux, qui lui a envoyé une lettre et lui a demandé s’il pouvait en faire une chanson. De nombreux orishas, qui apportent force et protection, y sont évoqués : Yemaya, Chango, Elegua, Ochun…