Trois jours à Baracoa, entre flânerie et découverte
L’après-midi est bien avancée quand la Jeep que j’ai prise à Moa nous dépose au terminus de Baracoa alors j’en profite pour me diriger aussitôt vers la plage que j’aperçois en contrebas.
Je suis impressionnée par la couleur verte de l’eau qui vient s’allonger sur la plage de sable noir.
Au point de départ du Malecon, je rencontre la statue de Christophe Colomb qui fait face au Fort Matachin, et je continue un peu ma découverte sur le remblai, accompagnée du bruit des charettes tirées par un cheval, galopant au son de ses clochettes, ainsi que par des bicytaxis pédalant au rythme de la musique s’échappant de vieux transistors accrochés à un morceau de fer.
Je passe devant un petit restaurant très coloré où je me promets de revenir le soir même dîner. Je note le nom ” le Marco Polo”qui me porte à sourire.
Puis un peu lasse je pars à la recherche d’une chambre pour la nuit. Quelques mètres plus loin, à l’angle d’un joli square enfantin tranquille, je suis accostée par un monsieur très sympathique, un peu âgé, assis sur une pierre et qui me demande si je cherche une chambre…avec ma valise.
De la terrasse, elle dispose d’une jolie vue sur la mer aux relents d’algues fraîches, en face du parc où jouent encore quelques enfants. Puis sur la gauche, j’aperçois le Mont Yunque légèrement embrumé par la nuit qui s’annonce ainsi que l’hôtel jaune “Le Castillo” juché tout en haut et que je me promets d’aller voir au plus vite. La chambre simple et sa douche très propre seront mon point de chute pendant mon séjour à Baracoa.
Premier jour : flânerie dans les rues de Baracoa
A droite de la photo on aperçoit les deux tours de Nuestra Señora de la Asunción qui trône sur une place ombragée. C’est l’endroit à Baracoa où il faut être.
Le boulevard joliment pavé a repeint ses façades, la cafétéria Las Begonias propose des boissons en musique, on s’y asseoit pour regarder le va et vient de la petite place refaite à neuf où les habitants aiment à se retrouver en fin de journée pour profiter de la fraîcheur des arbres centenaires, juste en face de la Casa de la Musica où le soir un groupe de musiciens vient animer et faire danser et rire les passants.
On danse dans la rue entre soi, et les dames seules sont invitées par un galant cubain à se dégourdir les gambettes, on danse aussi à l’intérieur pour encore mieux apprécier les rythmes cubains anciens et boire un verre. C’est sans chichis mais une tenue correcte pour entrer est exigée, bannis tongs, short et polo sans manche.
Pas très loin, en allant vers la Casa del Chocolate, une galerie d’art, toute refaite de neuf, blanche et inondée de lumières qui brillent toute la nuit, invite les curieux à découvrir une collection incroyable de peintures d’artistes locaux de Holguin, Moa et Baracoa. Quelques jolies sculptures très finement ciselées font le bonheur des yeux. On peut y entrer gratuitement jusqu’à très tard dans la nuit.
En continuant la promenade sur le Boulevard, on passe devant La Casa de la Musica qui juxtapose une galerie de peinture d’artistes cubains genre “rasta baba cool” où quelques fois on peut assister à une représentation de théâtre ou de danse folklorique.
Juste après la Casa de la Musica, tout en haut d’un édifice resté dans sa splendeur coloniale, la jeunesse s’entasse pour vibrer aux sons plus modernes des groupes à la mode. On peut y participer pour 10cuc.
En face quelques restaurants très touristiques vraiment pièges à ….. qui proposent des langoustes qui une fois sans l’assiette mesurent 10 centimètres pour 10 cuc…si c’est 1 cuc le cm, demandez-en une de 20 cm, vous aurez moins faim en sortant, d’autant que les rondelles de concombre et de tomate qui l’accompagnent ne vous empêcheront pas de bien digérer , d’ailleurs en haute saison, ils restent désespérément vides à part quand un guide local accompagne un groupe d’étrangers.
Donc fuyons ces restaurants un peu trop nombreux où s’ennuient de jeunes personnes qui vous tendent désespérément le menu pour vous convaincre.
Et entrons dans La Casa del Chocolate où vous pourrez découvrir une terrasse intérieure où on vous servira un chocolat bien chaud au-dessus d’une boule de glace à la vanille bien froide, ça passe tout seul c’est délicieux, l’arrière goût est plus amer avec la note à payer qu’on vous apporte à la fin avec un joli sourire.
Quant aux petites boules minuscules de chocolats qui donnent envie derrière une glace, un conseil, restez sur votre envie et le souvenir du chocolat chaud. On se demande comment un pays producteur peut faire des chocolats aussi mauvais, dernière raison de s’abstenir : le prix, 3 cuc l’unité !
En continuant la promenade vers la fin du Boulevard on peut se faire curieux devant d’une pharmacie, ouverte sur le trottoir pour découvrir comment fonctionne le système d’attribution de médicaments, très loin de ce que nous connaissons.
Et pour ceux qui sont prêts pour l’aventure, il est recommandé d’entrer dans la cremeteria d’en face, où on déguste une glace ou crème glacée, je ne sais pas bien, pour quelques pesos, mais très prisée des cubains qui font souvent la queue pour avoir une table.
La fin de l’après-midi peut se terminer en respirant l’air du large sur le malecon, une table vous attend surement au Marco Polo, vite le happy hour se termine à 18 heures !
Deuxième jour : farniente au Castillo
Mon deuxième jour commence par une virée dans les rues bordées de maisons coloniales aux couleurs encore vives pour certaines. Chacune possède un tout petit patio ainsi qu’un balcon ce qui donne un charme fou à certaines rues.
J’achète quelques fruits aux marchands ambulants, souriants et toujours prêts pour une petite drague, et je continue vers le Boulevard que je traverse pour remonter une ruelle qui m’amène directement au pied d’un long escalier, jaune lui aussi comme l’hôtel posé là-haut. Je décide de laisser les marches et j’emprunte le chemin bétonné qui me parait moins essoufflant à gravir.
A mi chemin pour reprendre un peu haleine, je me retourne pour découvrir l’ensemble des toits de la ville, qui fait comme une palette de peintre, touches de couleurs posées entre ciel et mer.
J’arrive enfin “al Castillo “ dont l’entrée est joliment bordée de plantes rouges, l’accueil est cordial. L’hôtel est ouvert même à ceux qui n’ont pas de chambre ici, il est tout à fait possible de s’allonger sur une chaise longue et de barboter dans la piscine.
Une expo permanente d’objets en bois sculptés et de peintures aux teintes vives peuvent tenter les touristes.
On peut s’y substanter d’un rapide poulet/congris/maïs/rondelle de concombre pour 3 ou 4 cuc. Bières à 1cuc et un verre de deux doses de rhum blanc Santiago de Cuba à 1,50 cuc. Si, si…
Cerise sur le gâteau, on profite ici d’une vue panomarique sur les toits de la ville ainsi que sur la Baie de Baracoa où règne majestueusement le Mont Yunque, qui veut dire “l’enclume” ‘ dénommé ainsi pour la forme plate de son sommet. Pour le peuple arborigène il représentait un symbole mythologique.
Troisière jour : promenade jusqu’à la Boca de Miel
Le troisième jour, je choisis de faire une longue promenade sur la plage aux grains de sable noirs dûs aux roches volcaniques que l’on peut facilement voir le long du Malecon.
La plage de deux kilomètres de long m’écarte sur un petit sentier terreux directement relié à un superbe pont de bois, construit par les habitants des petites maisons cachées dans une vaste forêt.
Le pont est branlant et donne un peu d’adrénaline quand on croise quelqu’un, mais la traversée laisse découvrir des petits hangars à bateaux, aux toits de palme, et quelques jolies barques très colorées.
Au bout, quelques jeunes hommes vous proposent de vous guider pour quelques petites pièces jusqu’au charmant village situé au bout du bout, la Boca de Miel.
Il ne fait pas trop chaud, je pourrais donc m’aventurer jusqu’à ce petit village que l’on me dit être perché, à environ une heure de marche, ensuite le chemin s’arrête sur une belle plage de sable très blanc pour une halte bien méritée.
Un homme, muni d’une machette me propose pour un cuc une énorme noix de coco qu’il emplit d’une rasade de rhum et y verse quelques gouttes de citron vert. Ce cocktail est un pur délice.
Par Maryse de Nantes