La méthode incroyable-inédite-extraordinaire pour apprendre à parler cubain en 2 minutes
Il paraît qu’il faut faire des titres « accrocheurs » pour augmenter le nombre de lecteurs de son blog alors on essaie hein… Niveau racoleur, celui-là est pas pas mal non ? Bien sûr, il est en outre parfaitement mensonger !
Revenons à la dure réalité, dans laquelle une langue ne s’apprend pas en une journée. A Cuba, on parle officiellement espagnol, et maîtriser au moins quelques bases de cette langue vous servira énormément durant votre voyage. Sans cela, difficile en effet de s’écarter un peu des sentiers battus, d’échanger avec des locaux qui ne soient pas des professionnels du tourisme, bref de découvrir le meilleur de Cuba ! Car vous le verrez, très peu de cubains parlent anglais, et encore moins français.
Donc si vous n’avez pas pris l’option espagnol durant vos études, ou que tout ça vous semble bien loin, (re)plongez-vous dans une méthode de langue, ça vaut le coup ! Nul doute aussi que votre compte en banque vous en remerciera, tant les prix sur place varient selon que l’on s’exprime en espagnol ou en anglais…
Si vous parlez espagnol, vous serez compris par tous, ce qui est déjà pas mal. Mais par contre il ne suffit pas de parler espagnol pour comprendre les cubains, ce serait trop simple !
Je m’explique : d’abord les habitants de l’île ont un accent très fort, qui fait qu’à l’oreille leur langage s’éloigne pas mal du castillan ! Quelques caractéristiques de la grammaire et de la prononciation cubaine :
– primo, comme dans tous les pays d’amérique latine, vous pouvez définitivement oublier le « vosotros » et sa conjugaison à la deuxième personne du pluriel. Ici, quand on s’adresse à un groupe de personnes, quelqu’ils soient, c’est « ustedes » + 3ème personne du pluriel.
– les « r » placés en fin de mot se prononcent plutôt comme un « l ». Ainsi, « mi amor » (exemple pris au hasard claro !) devient « mi amol » à Cuba.
– Les « s » de fin de mot disparaissent très souvent purement et simplement à l’oral. « Vamos » se prononcera « vamo ».
– Quand un mot se termine en « ado » en espagnol, il devient « ao », sans le d, dans la bouche des cubains : ainsi, pesado (adjectif utilisé pour qualifier quelqu’un de fatiguant, un peu l’équivalent de « relou » dans notre argot) se dit « pesao » ; « cansado », fatigué, devient « cansao ». Et parfois, c’est carrément la dernière syllabe en entier qui disparaît : « para » devient un truc du genre « pa », mais avec un a un peu long (eso es para mi : eso es pa mi), nada se dit simplement « na ».
En fait pour parler cubain le secret c’est de parler de façon trainante, comme si vous étiez très fatigué et que chaque effort d’articulation vous coutaît !
Difficulté numéro 2 : les mots typiquement cubains, que vous ne trouverez dans aucun dico franco-espagnol, et qui émaillent toutes les phrases. Là, rien à faire, il faut les apprendre ! On vous donne ici quelques expressions cubaines parmi les plus communes :
– Asere, consorte, socio, mi herma, bro (raccourci de « brother », mais avec un r bien roulant!) : tout ça, c’est l’équivalent du « tio » espagnol, une façon d’interpeller vos connaissances (masculines) dans la rue.
– Que bolà ? : débute systématiquement une conversation quand deux personnes se rencontrent. Cela fait office à la fois de « bonjour », de « comment vas-tu » et de « qu’est ce que tu fais, qu’est ce que tu deviens ». La réponse, en général, est un truc du style « aqui », voire « aqui, en la luchita » (ici, en train de lutter, d’essayer de m’en sortir ).
– De pinga ! : terme grossier mais utilisé en permanence. Littéralement, une pinga, c’est une bite. Mais l’expression « de pinga ! » ( ou encore : « empingao » ) peut signifier « génial, extraordinaire », comme « affreux, horrible », selon le ton sur lequel elle est employée. Ainsi, si quand vous demandez comment était la soirée de la veille, on vous répond « de pinga » avec enthousiasme, c’est qu’elle était top. Mais la même réponse, avec une moue négative, signifiera que la soirée était pourrie. C’est clair non ?
– Ñooooo : à prononcer « nioooooooooooo ». Il débute beaucoup de phrases cubaines. En fait, c’est le raccourci de « coño », et c’est une exclamation qui se place en début de phrase pour accentuer ce qu’on va dire (un peu l’équivalent du « putain » du sud de la France).
– Plata, kilo, guano : l’argent. « No tengo un kilo » : je n’ai plus une thune. Synonyme : « estoy escachao ! »
– Yuma : l’étranger. Peut être entendu dans le sens d’une destination géographique : « me voy pa la yuma » signifie je pars aux Etats-Unis. Mais distinction subtile, « me voy pal yuma » c’est partir à à l’étranger (cela peut-être n’importe où). Par ailleurs el ou la yuma, c’est le ou la touriste. Exemple : « viste la yuma ? » Tu as vu la touriste ?
– (Me) voy echando : j’y vais
– Descarado, qui s’entend descarao, désigne quelqu’un de gonflé, un peu canaille.
– Estar escapado, prononcé escapao : avoir de l’avance, être en tête : « el tipo esta escapao », pour parler par exemple d’un chanteur ou d’un sportif qui devance les autres. Plus largement, on peut aussi utiliser cet adjectif pour désigner quelqu’un qui a réussi dans quelque chose.
– La pura, el puro : la mère, le père
– La jeva : la copine (dans le sens de petite ami). Au masculin, el jevo est beaucoup moins employé.
– Agua, azucar : littéralement eau et sucre, ces mots sont parfois criés quand les gens dansent et font la fête, pour chauffer l’ambiance et montrer qu’ils passent un bon moment.
– Jamar : manger
– Estoy partido/partida : à prononcer « estoy partio o partia » : j’ai faim.
– Un lague : une bière. « Quieres un lague ? »
– Un carro : tous les véhicules à moteur
– Una maquina : une voiture
C’est bon, vous avez tout compris ? Petite vérification : écoutez cette vidéo. Si vous arrivez à comprendre ce que Yoe raconte, c’est gagné !